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3.3. Le déroulement de la thérapie

L'analyse fonctionnelle demeure l'instrument privilégié du thérapeute et l'un des buts de la thérapie est d'apprendre au patient à l'utiliser lui-même en situation.

Dans un premier temps, on fera l'inventaire des efforts que le patient a déployés et continue à mettre en oeuvre au quotidien pour essayer de se débarrasser des sensations physiques et des pensées désagréables. Quelle en a été l'efficacité ? Ont-ils abouti de manière durable au but recherché ? Ont-ils aidé le patient à faire de sa vie ce qu'il aimerait en faire ? Quel en a éventuellement été le coût ? La thérapie fait constamment appel à l'expérience du patient et il est encouragé à croire son expérience plutôt que les théories, que ce soit celles qu'il a apprises ou celles de son thérapeute. Si le patient fait l'expérience que ses stratégies de contrôle et de maîtrise fonctionnent d'une façon qui lui convient, la thérapie peut s'arrêter là. L'ACT s'adresse surtout aux cas dans lesquels les stratégies de contrôle finissent toutes par aggraver dans un deuxième temps les difficultés qu'elles étaient censées résoudre et deviennent donc elles-mêmes un problème puisque le patient doit mettre à leur service de plus en plus d'efforts et abandonner ou remettre à plus tard la réalisation du projet de vie qui lui tient à coeur.

Des stratégies d'acceptation sont ensuite proposées comme une issue plus constructive dans un climat respectant la difficulté qu'il y a à les mettre en oeuvre. S'il était si facile de «lâcher prise», le patient ne serait pas en face de nous. Donner aux sensations physiques désagréables et aux pensées «catastrophisantes» la permission d'être présentes ne peut pas résulter d'une opération intellectuelle mais procède d'un choix que nous voulons rendre possible en donnant au patient les compétences nécessaires. Les processus de conditionnement relationnel ubiquitaires chez l'être humain permettent aux sonorités d'un mot (puis au simple fait de le penser) d'acquérir les fonctions de l'objet qu'il désigne. Nous parlons de «fusion» pour décrire les situations dans lesquelles ce processus domine l'expérience du sujet au détriment d'autres fonctions potentiellement disponibles dans son monde intérieur ou extérieur. Nous proposons donc au patient l'acquisition de stratégies de défusion qui lui permettront de renoncer plus facilement aux comportements d'évitement jusqu'alors habituellement mis en oeuvre. La domination des processus verbaux exerce des effets particulièrement problématiques dans le domaine de l'expérience de soi. Là-aussi, nous cherchons à promouvoir et à développer par des exercices faisant appel à l'expérience plutôt qu'au raisonnement un sens de soi comme d'un contexte inaltérable et permanent susceptible d'offrir un espace de sécurité à partir duquel le patient pourra s'exposer à des contenus psychologiques douloureux quand la direction qu'il souhaite donner à sa vie le demandera.

L'ACT repose sur deux stratégies d'intervention qui se sont avérées parmi les plus efficaces en thérapie comportementale : L'exposition et l'activation comportementale, qui ne sont cependant pas visées comme des buts en soi mais que nous cherchons toujours à mettre au service des valeurs propres du patient, des principes directeurs en fonction desquels il souhaite orienter son existence. Entrer en contact avec ses valeurs peut représenter une expérience douloureuse surtout si l'on a subi des traumatismes précoces et/ou qu'on a durant des années dû sacrifier ou remettre à plus tard ce qui nous tient vraiment à coeur. Le travail sur les valeurs constituera une partie importante de la thérapie dont le but fondamental est de permettre l'engagement dans des activités allant dans le sens des valeurs propres du patient.

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