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Le critère de véracité du contextualisme
Une analyse basée sur la métaphore fondamentale du contextualisme consiste essentiellement en une description d'un certain événement ou phénomène et de son contexte actuel et historique. On ne sera pas surpris d'apprendre que la validité d'une telle analyse s'évalue sur la base de l'examen du contexte dans lequel elle a été générée. Les contextualistes déterminent en particulier la validité ou la «véracité» d'une analyse au regard de l'intention de l'analyste ou de la fonction qu'il a voulu lui donner. Si l'analyse inclut suffisamment de caractéristiques du contexte pour que le but dans lequel elle avait été élaborée soit atteint, elle sera considérée comme «vraie». En d'autres mots, pour un contextualiste, la véracité et la signification d'une idée résident dans sa fonction ou son utilité et non dans la mesure dans laquelle on peut dire qu'elle constitue un reflet de la réalité. On parle ainsi de fonctionnement réussi pour qualifier le critère de véracité du contextualisme, une analyse étant considérée comme vraie ou valable pour autant qu'elle permette une action efficace ou la réalisation d'un certain but.
La manière dont il conçoit la notion de vérité est révélatrice de l'ancrage du contextualisme dans la tradition philosophique d'un pragmatisme marqué par les figures de Charles Sanders Pierce, William James, Oliver Wendell Holmes Jr., George Herbert Mead et John Dewey. Le pragmatisme et le contextualisme ne s'intéressent pas à la recherche de vérités absolues ou fondamentales à propos de l'univers. Comme James l'a écrit, «la vérité d'une idée n'est pas une propriété inerte qu'elle contient. La vérité, c'est quelque chose qui arrive à une idée. Elle devient vraie, ce sont les événements qui la rendent vraie» (1907, p. 161).
Pour le contextualiste, c'est l'expérience humaine qui vérifie une idée; la «signification» en est essentiellement déterminée par les conséquences pratiques qu'elle peut avoir et sa «vérité» par la mesure dans laquelle ces conséquences peuvent être considérées comme une action réussie. La manière extrêmement fonctionnelle dont le contextualisme conçoit la notion de vérité et le fait qu'il insiste sur les conséquences empiriques des idées signalent l'influence d'une autre grande figure qui a marqué le courant de pensée pragmatiste : Charles Darwin. On peut concevoir le pragmatisme comme une application à l'épistémologie du sélectionisme de Darwin : Dans le pragmatisme, une idée est «sélectionnée» (elle est retenue comme vraie ou valable) si elle favorise le succès de l'action, de la même manière que, dans la sélection naturelle, une caractéristique du phénotype est «sélectionnée» (retenue par l'espèce) si elle favorise le succès de la reproduction. On ne sera pas surpris par cette influence dans la mesure où les idées de Darwin commençaient à s'imposer dans le monde universitaire à l'époque où les jeunes pragmatistes affûtaient leurs premières armes intellectuelles.