Imaginez un appareil de radio dont le programme est parfois harmonieux mais trop souvent désagréable, avec des sons stridents et dysharmonieux. A chaque fois que c'est le cas, vous vous ruez sur le potentiomètre de réglage pour essayer de trouver un programme plus plaisant mais vos efforts ne sont que rarement récompensés. En fait, tout se passe comme si ce bouton n'avait pratiquement aucun effet. Bien sûr le programme finit parfois par redevenir agréable après que vous vous êtes longtemps escrimé à manipuler les réglages, mais ne le serait-il pas aussi redevenu si vous n'aviez rien fait ? Et vous savez à quel point il est angoissant de constater que vos efforts pour contrôler ce que vous pensez et ressentez n'ont aucune prise.
En fait, il y a sur la face cachée de l'appareil un autre potentiomètre. Celui-là ne change pas le programme mais il est beaucoup plus important parce que vous pouvez le contrôler. C'est le potentiomètre de l'acceptation et vous pouvez décider si oui ou non vous voulez le régler sur «haut». Tant qu'il est réglé sur «bas», une anxiété de niveau 4 va augmenter jusqu'au niveau 6 et une anxiété de niveau 6 va augmenter jusqu'au niveau 9 et ainsi de suite dans un mouvement auto-amplifié poussant au maximum toutes vos sensations et vos pensées désagréables. Vous connaissez ces clefs à cliquet fonctionnant de manière à ce que tout mouvement que vous leur imprimez ne peut avoir qu'un effet, celui de serrer davantage, quel que soit le sens dans lequel vous agissez. C'est ainsi que fonctionne le système quand le niveau de l'acceptation est bas. Quand vous décidez de régler le potentiomètre de l'acceptation sur «haut» et que vous choisissez de rester ouvert à votre expérience, sans tenter de la modifier, de l'éviter, de lui échapper etc., votre anxiété (ou votre dépression, votre colère, etc.) sera basse quand elle sera basse et elle sera haute quand elle sera haute et dans les deux cas vous serez libéré de la lutte inutile et contre-productive pour essayer de la faire diminuer. Votre anxiété pourra évoluer librement et vous pourrez vous occuper d'autre chose que de tourner inlassablement un bouton inefficace qui vous fait rester tout près du récepteur, en contact étroit avec ce que vous cherchez à fuir, contraint à remettre à plus tard les actions qui vous permettraient de faire de votre vie ce que vous aimeriez en faire.