«On peut définir la philosophie comme réunissant les hypothèses préalables à toute analyse et les règles d'évidence (critères de véracité) utilisées pour concevoir et évaluer des théories et des progrès dans la connaissance des la réalité» (Fox, 2005). Comme Gödel l'a montré dans le domaine des mathématiques, il est impossible de construire un système symbolique qui ne repose pas sur des axiomes ne pouvant eux-mêmes pas être analysés en utilisant le système en question. De manière plus générale, il n'est pas possible de tenir un discours sur le monde sans adopter de manière au moins implicite un système d'hypothèses pré-analytiques et de critères de véracité - donc une position philosophique. A ce titre, nous faisons tous de la philosophie sans le savoir comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir ! Notre ignorance en la matière nous permet de ne pas nous rendre compte quand, pour critiquer la position d'un adversaire dans un débat d'idées, nous utilisons notre propre système de référence pour nous en prendre aux points d'ancrage du système de pensée de l'autre. «Il est en effet malhonnête de dire : "Mes présupposés et mes valeurs correspondent mieux à mon système de référence que vos présupposés et vos valeurs ne correspondent à mon système de référence; donc, mes présupposés et mes valeurs sont les meilleurs." Tout ce que l'on peut honnêtement dire, c'est : "Voici mes présupposés, voici mon système de référence. Et voici ce qui se passe (c'est une description, non une évaluation) quand on adopte ce système-ci plutôt que celui-là".» (Hayes et al., 1999)
«Il est donc particulièrement important pour tout discours scientifique que la position philosophique sur laquelle il s'appuie soit clairement énoncée; cela en améliore la cohérence, diminue le risque de malentendus, évite des débats sans objet et permet de comparer et d'évaluer les théories de manière plus constructive» (Fox, 2005).
Dans un ouvrage publié en 1942, le philosophe S. Pepper a proposé une classification des différents systèmes philosophiques en grandes catégories correspondant à des «visions du monde» ou «hypothèses sur le monde» articulées chacune autour d'une métaphore fondamentale et d'un critère de véracité. Par métaphore fondamentale, il entend «un concept ou un objet dont la compréhension est évidente pour le sens commun et qui peut fournir une analogie de base sur laquelle une démarche de compréhension analytique du monde pourra s'étayer. A chaque métaphore fondamentale correspond de manière indissociable un critère de véracité à l'aune duquel la validité des analyses pourra être évaluée» (Fox, 2005). La pertinence de ces différents systèmes peut être évaluée en fonction de leur précision et de leur portée. «Le concept de précision fait référence au nombre d'explications différentes découlant, pour un phénomène donné, de la mise en oeuvre des concepts fondant une vision du monde (moins il y en aura, plus la précision sera grande), le concept d'étendue (en anglais scope) fait référence au nombre de phénomènes susceptibles d'être expliqués en utilisant ces concepts. Toutes les visions du monde visent à l'étendue complète et la précision absolue - mais aucune ne parvient complètement à un tel idéal. Les 4 visions suivantes s'en rapprochent le plus : Le formisme, le mécanisme, le contextualisme et l'organicisme» (Fox, 2005).
L'approche de la psychologie présentée sur ce site internet repose sur une variété de contextualisme appelée contextualisme fonctionnel.