L'évaluation versus la description: Si on demande à une personne de décrire une chaise, elle peut dire par exemple « elle est grise, en métal, de forme carrée, etc. » Si cette personne sort de la pièce et qu'elle revient un peu plus tard, la description sera la même. Si une autre personne décrit cette chaise, il y a de bonnes chances d’obtenir des descriptions semblables. Si on lui demande «est-ce une bonne ou une mauvaise chaise?», et si elle n'a pas de problème de dos, elle pourrait dire « oui, elle est confortable ». Si au contraire, elle a des problèmes de dos ou elle a mal dormi, elle pourrait répondre « je la trouve inconfortable ». Selon la personne qui va s’asseoir sur la chaise et l’histoire de ses expériences avec les chaises (habitude de s’asseoir sur des chaises ergonomiques ou pas, etc.), l’évaluation sera différente et donc, arbitraire.
La souffrance peut résulter de l'évaluation que la douleur est inacceptable. Par exemple, l’évaluation peut prendre la forme d'une lutte ou d'une non-acceptation de "ce qui est" par des jugements sur soi ou les autres, des accusations, etc. En fait, l’évaluation, quand elle n’est pas utile peut être une manière de fuir le contact direct avec les expériences de la vie, une forme d’évitement de vivre l’expérience vécue telle qu’elle se présente (aussi désagréable soit-elle). Il arrive d'observer ce phénomène lorsqu'une personne exprime à une autre un sentiment désagréable. La personne qui reçoit la plainte peut alors chercher à s'en défendre en rejetant le blâme sur l'autre ou se culpabiliser elle-même de n'être jamais adéquate, etc. Ce type d'évaluation empêche la résolution du conflit puisque la personne est plus occupée à évaluer la situation qu'à la régler ou à entendre le sentiment de l'autre.
Il existe différentes formes d’évaluation, dont les suivantes (inspiré du livre « Act On Life Not On Anger » de Eifert, Mckay, Forsyth) :
Le jugement (approprié/pas approprié, bon/mauvais, adéquat/inadéquat, normal/pas normal, etc.) : le cerveau cherche à mettre les gens ou soi-même dans des catégories prédéterminées par une norme (une étiquette), comme si c’était une vérité objective;
Les accusations: le cerveau a de la difficulté à composer avec la souffrance, donc il cherche à blâmer quelqu’un ou soi-même comme responsable de cette souffrance;
Prêter des intentions aux autres : le cerveau a de la difficulté à tolérer l’ambiguïté. Il cherche avidement à donner un sens aux comportements d’autrui et c’est ainsi qu’il attribue des intentions aux autres. Cela devient un problème lorsque ces conclusions sont prises pour des certitudes à propos de l’autre personne et qu'elles en dirigent les actions.