Les expériences classiques de Pavlov sur la salivation des chiens ont abouti à la notion de conditionnement répondant. Si on présente de la nourriture à un chien, pour peu qu'il en ait été privé depuis suffisamment longtemps, ce stimulus va déclencher une réponse, en l'occurrence la production de salive. Cette relation entre un stimulus et une réponse n'a pas à être apprise ou conditionnée.
Si l'on fait régulièrement précéder la présentation de nourriture par le tintement d'une cloche, le son de la cloche acquerra bientôt la fonction qui est celle du stimulus nourriture dans le contexte en question : Le tintement de la cloche conduira donc aux mêmes conséquences que la présentation de nourriture.
Le phénomène du conditionnement répondant s'observe essentiellement dans les réactions autonomes médiatisées par le système nerveux neuro-végétatif. Les réponses ainsi conditionnées ne dépendent que très peu de leurs conséquences, contrairement à ce qu'on observe dans le conditionnement opérant, dont le paradigme demeure la situation expérimentale inventée par Skinner avec la fameuse «boîte» dans laquelle un rat reçoit un granule de nourriture à chaque fois qu'il appuie sur un levier. Une telle situation expérimentale simple permet de définir de manière précise et reproductible des termes sur lesquels on pourra édifier une construction théorique solidement fondée.
Ainsi, un opérant est une classe de réponses définie de manière fonctionnelle. Dans l'exemple de base que nous avons choisi, l'opérant est donc constitué par l'ensemble des réponses qui vont avoir pour conséquence la présentation de nourriture. Il faut remarquer qu'une telle définition est fonctionnelle et non topographique. Il importe peu que le rat utilise les pattes de devant pour appuyer sur le levier. S'il s'assied dessus ou qu'il l'actionne avec le museau, ces réponses seront également considérées comme faisant partie de l'opérant. Lorsque les réponses appartenant à une classe donnée augmentent en fréquence quand chacune d'entre elle est suivie par une certaine conséquence, on dit que cette réponse a été renforcée.
Une modification simple de notre expérience de base permet de définir un terme supplémentaire : Si l'abaissement du levier par le rat ne conduit à la présentation d'un granule de nourriture que lorsqu'une lumière verte est allumée, la lumière verte acquerra bientôt la fonction d'un stimulus discriminatif. Skinner (Science et comportement humain, 2005, p. 110) utilise le vocabulaire suivant : «Nous décrivons les contingences en disant qu'un stimulus (la lumière) est une occasion pour une réponse (...) d'être renforcée.»
Hineline et Wanchisen (Hineline, P.N, Wanchisen, B.A, Correlated Hypothesizing and the Distinction between Contingency-Shaped and Rule-Governed Behavior, in Hayes, 1989) soulignent les subtilités inhérentes à une approche apparemment simpliste : «Le comportement opérant est par principe un comportement interprété en relation avec ses conséquences, les événements le précédant ou l'accompagnant jouant un rôle favorisant, "occasionnant" ou modulateur. Les rapports entre le comportement opérant et les événements qui l'entourent impliquent un mode particulier de causalité interactive que Skinner (1981) a appelé la "sélection par les conséquences", le comportement et ses conséquences dans l'environnement constituant en l'occurrence des relations en boucle fermée. L'entité ainsi sélectionnée est mercurielle : Elle n'est jamais présente comme un tout; on peut certes y discerner une organisation mais c'est celle d'un motif en activité plutôt que celle d'une structure matérielle. Il y a dans ce concept central de l'analyse du comportement une subtilité et un aspect abstrait qui demeurent souvent ignorés. L'opérant (notion à laquelle il faudrait, pour être précis, toujours adjoindre le terme de classe) est une entité impalpable en raison de sa dispersion.»
Catania (Learning, 4th Ed.1998, p. 410) décrit comme suit la notion de stimulus : «Tout événement physique, toute combinaison d'événements ou relation entre événements.» Il signale encore que l'absence d'un événement peut constituer un stimulus et insiste lui aussi sur la notion de classe, que ce soient des classes définies par des propriétés physiques comme l'ensemble des lumières s'inscrivant dans un certain registre de longueurs d'onde et d'intensités ou des classes définies par certaines fonctions comportementales (par exemple une classe de stimuli discriminatifs efficaces dans un contexte donné.)
Lectures recommandées : Science et comportement humain est un des rares ouvrages de Skinner actuellement disponibles en traduction française. La lecture en est parfois difficile mais toujours intéressante.
La quatrième édition du passionnant (et parfois ardu...) Learning de Catania n'est malheureusement disponible qu'en anglais.